Les Enfants de la Nuit
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Les Enfants de la Nuit


 
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 Histoire d'Iris : les deux soeurs.

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Bloody_Jo
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GUIMOT56
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Iris
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Iris
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MessageSujet: Histoire d'Iris : les deux soeurs.   Histoire d'Iris : les deux soeurs. Icon_minitimeJeu 05 Oct 2006, 05:22

Bon, a y est, j'ai rédigé mon histoire... Je vous préviens elle est TRES longue (22 pages sous Word) donc heuuuuuu bon courage si certains veulent la lire ^^
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Iris
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MessageSujet: Re: Histoire d'Iris : les deux soeurs.   Histoire d'Iris : les deux soeurs. Icon_minitimeJeu 05 Oct 2006, 05:32

Je suis née au domaine de Salerme, il y a maintenant plus d’une cinquantaine d’année… Et oui, je suis une jeune vampire, mon âge ne se compte pas encore en siècle ; peut être est ce pour cela que j’ai encore tant goût à l’existence, au point d’agir parfois comme une humaine ?
Mon père était duc ; ma mère était danseuse. Singulier, n’est ce pas ? Je crois qu’il l’a réellement aimé, au début… Il y a si longtemps. Car ce qui est sûr, c’est qu’au fil des années le Duc de Salerme ne se mit à rien éprouver d’autre pour sa femme que du ressentiment et de la colère. En effet, ma mère ne fut jamais capable de lui donner le moindre héritier… Sept enfants nés, sept filles ! A croire qu’une malédiction s’était abattue sur notre lignée.

Je fus la troisième de ces filles ; Dahut, ma sœur adorée, était mon aînée. Au dessus de nous, il y avait la toute première de la famille, qui avait pour nom si je me souviens bien Annie… Je la connaissais peu. Elle était très élégante, fière de son rang et abordait toujours un regard hautain envers nous. Une vraie pédante, d’une éducation irréprochable, d’une beauté à faire pâlir d’envie les créatures peuplant les tableaux d’un Michel-Ange. Les gentilshommes de tous les pays se disputaient sa main… La fierté de ses parents, bien sûr. De toute mon enfance, elle ne m’a jamais parlé.

Cinq ans après Annie, ma chère Dahut vint au monde. Beaucoup moins frêle et angélique que sa grande sœur, avec dès son plus jeune âge un goût un peu trop prononcé aux yeux de mes parents pour les jeux de garçons, la fréquentation des domestiques, et les échappées sauvages dans les bois et les champs qui entouraient notre demeure.

Ma mère avait les cheveux flamboyants, tout comme moi, et les yeux d’un bleu magnifique ; non pas le bleu d’un froid et lumineux saphir comme les miens, mais le bleu de la mer en furie, du ciel traversé par la tempête ; un bleu toujours en mouvement, chaud et profond. Elle était vraiment belle. Il fallait au moins cela à une danseuse pour se faire aimer, et même épouser par un duc.

Elle était le feu qui danse, elle était l’eau qui coule, elle était le mouvement et le rêve. Mon père, tout à l’inverse, était le roc et le fer, un homme de taille moyenne au visage dur, aux cheveux noirs comme la suie, aux yeux marrons profondément enfoncés dans les orbites, constant et sérieux, inébranlable et autoritaire. Il était la rigidité, profondément ancré dans de vieux principes et dans une éducation qui réglaient ses décisions et nos vies.

Annie hérita des vagues qui dansaient dans les yeux de ma mère ; j’héritais des flammes qui dansaient dans ses cheveux. Mais assurément, ce fut Dahut qui lui ressembla le plus. Non pas physiquement, car physiquement elle tenait assez peu de la famille ; mais psychologiquement. Elle était, comme elle, le mouvement. Comme elle elle ne tenait pas en place. Aussi loin que je me rappelle ma mère, elle ne restait jamais au même endroit, dans la même position ; elle ne pouvait rester sans rien faire. Elle virevoltait toujours autour de nous, comme une fée. Elle avait le plus beau sourire, le plus chaleureux et le plus enfantin. Dahut en hérita.

Deux ans après la naissance de cette enfant turbulente, je fis à mon tour mon entrée dans ce monde. J’étais radicalement différente de Dahut, physiquement et intellectuellement. Dahut est châtain, son visage est, je l’avoue, assez quelconque, avec des traits un peu grossiers et légèrement masculins suivant l’expression qu’elle prend. Elle n’a jamais eu beaucoup de formes, et sa posture a toujours été un peu trop ramassée sur elle-même. Son corps est solide ; le mien a toujours été un peu trop frêle, et c’était pire lorsque j’étais enfant. La seule chose qui nous unit, sur le plan esthétique, ce sont nos yeux, qui ont tout deux hérités de la belle couleur bleue de ceux notre mère et de la solidité et de l’intensité de ceux de notre père.

Intérieurement, j’étais d’une timidité et d’une prudence maladive. Elle était pleine d’audace. J’étais introvertie ; elle était extravertie. J’esquissais un sourire parfois, timidement, silencieusement ; elle riait aux éclats. Dès la naissance mes parents s’étaient extasiés sur mon corps frêle et mes traits fins, sur mes beaux cheveux roux et ma démarche gracieuse. J’étais une petite poupée. Dahut étant beaucoup moins belle, beaucoup plus turbulente, et on voulut donc que je prenne exemple sur l’aînée des trois, Annie, que comme elle je ne me soucie que d’être la plus belle et la mieux éduquée possible. Et cela aurait pu être le cas, car dans ma petite enfance j’admirais profondément et stupidement Annie, rêvant de lui ressembler, de devenir aussi belle et admirée qu’elle, aussi noble et bien élevée. Mais Annie ne m’adressait jamais la parole, faisant de son mieux pour m’ignorer, quand je n’aspirais qu’à être prise sous son aile et m’abreuver de ses conseils. Je pense qu’elle voyait en moi une rivale potentielle, une future concurrente dans le domaine de la séduction et de la reconnaissance familiale. Elle décida donc qu’elle ne m’aiderait d’aucune façon.

Bien lui en prit : je me tournais donc vers ma sœur Dahut. J’étais une humaine très faible étant enfant, comme je vous l’ai déjà dit. Discrète et peureuse. Je n’osais rien, j’étais d’une sensibilité extrême, un rien me faisait pleurer, un rien me blessait. Dahut m’aima tout de suite. Même si elle n’avait que deux ans et des poussières lorsque je vins au monde, elle me confia s’être toujours souvenue de ma naissance. Lorsqu’elle vit sortir la sage-femme de la chambre de ma mère, avec cette petite poupée aux grands yeux bleus effrayés et aux boucles rousses dans les bras, elle m’avait adoré sur le champ. Et lorsque je finis par comprendre que Annie ne m’aimerait jamais et que, voulant fuir ma solitude et désireuse de protection et d’amour, j’acceptais enfin ceux de Dahut, nous devînmes inséparables.

Elle décidait de quasiment tout nos jeux. Elle me guidait, me poussait à sortir de mon enfermement. Nos escapades dans les quartiers des domestiques ou dans les ruines de l’ancienne tour non loin de notre demeure devinrent chose courante. Elle connaissait les cuisiniers, les femmes de chambre et les garçons d’écurie ; mais aussi les cachettes, les petits chemins, les trous dans les clôtures. Je craignais toujours de mettre en application ses nouvelles idées aventureuses et risquées, mais à chaque fois je finissais par la suivre et ne le regrettait jamais… Même lorsque nous nous faisions attraper à escalader le mur ou à rire avec une servante.

Ma famille voyait tout ceci d’un mauvais œil, estimant que Dahut n’était pas une bonne fréquentation pour une enfant aussi délicate et obéissante que moi. Ma sœur était, à leurs yeux, un défaut dans la famille, une gosse irrécupérable, qui finirait mariée à un quelconque petit bourgeois de la grande ville ou à un propriétaire terrien parvenu. En revanche je faisais, au fur et à mesure que les années passaient, la fierté de mes parents, de mes oncles et tantes, et de toute la famille ducale. Annie avait perdu : non seulement je l’égalais largement en beauté et en éducation, mais de plus je faisais preuve d’une gentillesse et d’une bonté d’âme que ma grande sœur n’avait jamais eu. J’étais également amoureuse des livres, et à sept ans je discutais littérature avec les amis de la famille à la grande table. Annie n’était pas bête, mais elle était incapable d’apprécier ou de comprendre autre chose que ses romans-fleuves à l’eau de rose. Officiellement, mes lectures n’étaient que des classiques recommandables et de bon goût ; si ma famille savait ! Non seulement certains domestiques, devinant ma passion pour la lecture, me prêtaient en douce certains ouvrages que mon père eut prohibés, mais moi-même, une fois que l’âge me le permit, me mit en quête des ouvrages les plus étranges, les plus anticonformistes, les plus curieux et originaux que je pus trouver. J’allais à la ville prétextant vouloir m’acheter un Molière ou un Balzac manquant à ma collection, ou une nouvelle toilette pour la réception de la semaine suivante ; j’en revenais avec du Baudelaire, du Edgar Poe, même du Sade, cachés sous ma robe. Le cocher était mon complice bien sûr, je crois qu’il m’aimait beaucoup.

Dahut, au contraire, n’aimait pas lire. En revanche elle adorait que je lui raconte une histoire. Je lui racontais donc les histoires qu’il y avait dans mes livres, ou alors j’en inventais ; nous passions des nuits blanches ainsi. Plusieurs fois, alors qu’elle m’applaudissait pendant que je lui narrais les aventures d’un héros célèbre, je lui proposais de lui prêter le livre parlant du dit héros. A chaque fois elle refusait, hochant négativement la tête : « Les livres sont ennuyeux. Il n’y a que lorsque c’est toi qui raconte que l’histoire devient intéressante pour moi. »

Les histoires, les escapades dans les bois touffus, les explorations du terrifiant grenier de notre demeure, … Avec elle je me sentais chez moi. Elle était tout ce dont j’avais besoin. Ma seule amie. A ses côtés, je pouvais être moi-même. Mon enfance se passa ainsi. On me laissa jouer avec Dahut, car on se disait qu’au fond nous étions bien jeunes toutes les deux, et même si Dahut m’entraînait souvent sur la voie de l’aventure et des quatre cent coups, après tout nous n’étions que deux enfants et il serait toujours temps, lorsque je deviendrais une jeune fille, de me donner des relations plus en adéquation avec mon éducation et la destinée qui m’était offerte. Dahut n’avait pas d’importance. Elle n’en avait que pour ma mère, et pour moi. Même mon père la regardait à peine. Il l’aimait, c’est sûr, mais avait autre chose à faire que de s’occuper d’elle. Elle n’avait rien d’une poupée ou d’un joyau aux yeux de la famille ; mais pour moi elle était le plus grand des trésors. Ma mère nous aimait passionnément toutes les deux, elle nous répétait souvent qu’elle était fière d’avoir deux petites filles si différentes, mais qui s’entendaient à merveille malgré tout.

Les quatre sœurs qui suivirent n’ont pas beaucoup d’importance ; la première naquit quatre ans après moi, les deux autres, jumelles, survinrent ensemble peu de temps après, la petite dernière enfin arriva l’année de mes dix ans. Mon père ne cachait même plus sa colère à la fin, hurlant à travers la demeure, fou de rage : « Une fille ! UNE FILLE ! Encore une, malédiction, maudite femme, MAUDITE FEMME !! ». Ce fut à partir de ce moment là que je nous nous mîmes, Dahut et moi, à le détester. D’abord parce qu’il traitait notre chère maman de « maudite femme ». Ensuite, parce qu’il devenait de plus en plus désagréable, parfois même violent, abusant sans cesse de son autorité.


Deux ans après la naissance de la dernière fille, sept jours après mon douzième anniversaire, il renvoya ma mère. Il ne nous laissa même pas la revoir par la suite, nous eûmes à peine le temps de lui dire adieu. Je me rappelle comme elle nous serra contre elle, avant de monter dans le carrosse, nous murmurant sans s’arrêter qu’elle nous aimait à travers ses larmes. A partir de ce jour je décidais que je haïssais mon père. Je me mis à le haïr davantage lorsqu’il commença à essayer de nous séparer, Dahut et moi. Il fit venir et logea au domaine de jeunes filles de bonnes familles, très convenables, et m’ordonna de me lier d’amitié avec elles. Je ne disais rien, Dahut non plus. Dès qu’il tournait le dos nous nous évadions toutes les deux dans la nature. Je n’étais plus faible. Et c’est Dahut qui m’a donné cette force que j’ai toujours eu, et surtout, surtout, ce refus de toute autorité et cette soif de liberté qui ne devaient plus jamais me quitter.

Il prit une nouvelle épouse, de dix ans plus jeune que lui et ma mère. Elle ne devait pas être bien méchante, ni stupide, mais nous décidâmes tout de suite Dahut et moi de la détester. De plus elle avait une fâcheuse tendance à vouloir me donner des conseils, des directives, sur ma toilette, ma démarche, mes conversations… A me complimenter sur ma coiffure ou sur un phrase bien tournée. Elle voulait me mettre dans sa poche ; elle voulait que je devienne sa fille ; elle voulait être fière de voir une aussi jolie demoiselle l’appeler « Mère » en public, et effectivement elle m’incita dès le premier jour à la considérer comme telle. Elle en fut pour ses frais ; je la repoussais dès le début, n’affichant pour elle que de la froideur à la hauteur du mépris qu’elle affichait pour Dahut, qu’elle détesta tout de suite. A chacune de ses tentatives pour nuire à ma sœur, j’agissais de même envers cette marâtre indésirable. Je remerciais ainsi Dahut pour toutes ces années où elle m’avait pris sous son aile, en la protégeant et en la défendant à mon tour.

Mon père me réprimandait souvent ma conduite trop turbulente et mon caractère trop affirmé à son goût.
« J’ai de grands projets pour toi, Iris. Tu pourrais te faire aimer d’un prince. Tu pourrais épouser un héritier de sang royal. Les jeunes filles comme toi se font trop rares en ces temps sombres et dangereux. Tu pourrais faire entrer notre lignée, ta lignée Iris, dans le clan restreint de celles qui donnent un jour un Roi à un pays. Tu pourrais être assise sur un trône, et au lieu de ça tu passes ton temps à battre la campagne avec ta maudite sœur ! Tu lis des choses – regarde moi quand je te parle et ne prends pas cet air agacé ! – tu lis des choses que les dames de bonne éducation n’ont pas à lire. Tu te conduis encore comme une petite fille ! Tu deviens une jeune dame, est ce que tu vas comprendre à la fin, et cesser de ruiner tout les espoirs que ta famille a placé en toi ? »

Je n’osais pas encore lui répondre franchement. Il m’effrayait, d’autant que les années passant, il devenait de plus en plus colérique, furieux, autoritaire et refusant toutes discussions. Je me contentais donc de lui murmurer : « Vous avez Annie pour ce genre de « projets », père » puis je continuais à manger ma soupe en l’écoutant me réprimander pour mon insolence, se maudissant cent fois de m’avoir laissé trop fréquenter Dahut, cette attardée inutile qui se conduisait comme un garçon.

« Et bien quoi, père ! » lançait alors effrontément ma sœur chérie depuis l’autre bout de la table. « N’était ce pas là votre vœu le plus cher, d’avoir un garçon ? C’est pour cela que vous avez chassé notre mère et l‘avez remplacé par la dinde qui dîne à vos côtés, non ? »

Mon père hurlait et chassait Dahut de la table. Je me levais alors pour quitter la pièce et la suivre. Il m’ordonnait de me rasseoir ; je faisais la sourde oreille. En quittant la pièce j’entendais Annie faire une remarque sur ma conduite déplorable, assez fort pour être sûre que je l’entende ; mais je m’en moquais éperdument. Je rejoignais ma sœur dans le couloir, et nous allions dans ma chambre pour bavarder ou nous sortions pour une virée nocturne dans le bois.
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Iris
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MessageSujet: Re: Histoire d'Iris : les deux soeurs.   Histoire d'Iris : les deux soeurs. Icon_minitimeJeu 05 Oct 2006, 05:32

Cinq années passèrent ainsi. Ce furent les cinq ans de mon adolescence et de celle de ma sœur. Le souvenir de notre mère chérie ; mon père que j’évitais le plus possible ; ma marâtre qui, comprenant que je ne l’accepterai ni ne l’aimerai jamais, avait finit par se rabattre sur Annie qui l’appelait « Mère » sans aucun souvenir pour la belle danseuse qui avait jadis bénéficié de ce titre. Heureusement que notre vie ne se limitait pas à notre famille. Nos premières histoires d’hommes firent leur apparition ; Dahut avait un don pour repérer ceux qui s’intéressait à moi, mais surtout pour juger de quelle « sorte » d’intérêt il s’agissait.

« Celui-ci ne s’intéresse qu’à la fortune de ta famille. Celui là, à la notoriété dont il bénéficiera avec une aussi belle épouse à ses côtés lors des réceptions. Ah, celui-ci est intéressant : non seulement il te trouve belle, mais tu l’intéresse aussi intérieurement, sans doute depuis votre conversation sur Tolkien – et notre père qui juge la littérature fantastique inutile ! La voilà qui t’offre un intéressant prétendant. Oh, celui là te regarde certes avec passion, mais il est jeune et ses hormones sont en plein développement… si tu vois ce que je veux dire. »
« Il est beau. »
« Oui, il est beau, mais cède lui et tu verras comme ce petit puceau s’empressera d’aller se vanter partout d’avoir fait une telle conquête. »
« Il n’y a pas de mal à être puceau. »
« C’est une manière de parler, ma belle Iris. Je veux dire qu’il y a ceux que ça ne dérange pas, et ceux comme lui qui sont prêts à n’importe quoi pour décrocher la lune et passer du côté des hommes », disait Dahut et elle riait.
« N’importe quoi ? Tu veux qu’on teste jusqu’où il peut aller ? »
« Ma petite sœur est une manipulatrice perverse ! C’est à force d’avoir des mauvaises fréquentations, comme cette idiote de Dahut. »
Je me mettais à rire aussi. Les ridicules tentatives de notre famille pour nous séparer nous avaient toujours amusées.
Dahut avait certes moins de prétendants que moi, et de moins nobles naissances, mais ceux qu’elle se trouvait étaient toujours gentils, modestes, d’une grande richesse intérieure. Je la conseillais pour les tenues qu’elle devait porter, ce qui lui allait le mieux, ce qui lui donnait une plus jolie silhouette ou mettait ses yeux en valeurs.

Nous nous aimions profondément, rien ne nous séparait. Nous étions toujours ensemble… Vraiment, toujours. Si nous devions être séparées, le temps d’une leçon ou d’une visite, je perdais tout sourire et elle aussi. Elle était ma raison d’être et j’étais la sienne. Aucune de nous deux n’aurait pu envisager l’existence sans l’autre. C’était si fort, nous nous connaissions si bien. A force, certains symptômes qui d’ordinaire n’existent qu’entre jumelles finirent pas apparaître chez nous. Une sorte de télépathie, de sixième sens par rapport à l’autre. Si l’une ne se sentait pas bien, ou était triste, l’autre l’était aussi. Si l’une de nous deux riait, l’autre se sentait joyeuse, même si elle était ailleurs. Nous faisions notre adolescence ensemble, en symbiose, découvrant ensemble cette vie qui nous avait été donnée. Nous faisions de notre mieux pour sortir du carcan familial, pour découvrir le monde qui nous entourait. Je n’ai jamais autant lu que pendant ces cinq années. Je racontais mes lectures à Dahut puis nous en discutions pendant des heures. Les conversations que nous échangions valaient davantage que n’importe quel cours de philosophie ou de sociologie. Nous nous sommes toutes deux forgées en se servant de l’autre comme d’un appui pour s’élever.


Et puis… Ce grand malheur arriva. Tout est de la faute de mon père, que j’ai pu le maudire pour cela !
J’avais eu dix sept ans deux mois auparavant, et Dahut en avait dix neuf bien entamés. Cela faisait maintenant plusieurs semaines que nous ne sortions plus la nuit. En effet de nombreux paysans des environs avaient été retrouvés égorgés et horriblement mis en pièces dans les bois, et un sort identique était même arrivé à l’une de nos servantes. Le bruit courait, dans les villages et dans les chambres des domestiques, que ce n’était pas un animal ordinaire qui avait fait cela, mais l’un de ces êtres maudits de Dieu et des hommes que l’on nomme loup garou. D’autres parlaient aussi de « lycans », expliquant d’une voix craintive que les corps retrouvés n’avaient pas était déchiquetés seulement à la pleine lune, mais durant n’importe quelle période du mois. Et que donc le monstre (ou les monstres, car peut être étaient ils plusieurs) pouvaient prendre leur forme démoniaque n’importe quelle nuit, ce qui les rendait encore plus redoutables et effrayants.
Dans ma famille bien sûr, on riait à haute voix de ces « superstitions paysannes », et un cousin de mon père, scientifique farfelu qui se prenait pour un grand savant, essaya même de capturer « la bête » en prétendant qu’il devait s’agir là d’une espèce de loup inconnue dans nos régions, et que lui, le grand scientifique, serait le premier à pouvoir l’étudier. Il tendit donc des pièges dans la région, qui furent tous retrouvés saccagés. Notre apprenti biologiste en fut très fâché et accusa les gardes forestiers, persuadés qu’un loup n’aurait pu défaire ces pièges. Les malheureux forestiers, qui depuis les évènements ne mettaient plus un pied dans le bois, lui parlèrent de l’ « homme loup », ce qui ajouta à la colère du cousin familial. Persuadé que le ravage des pièges était l’œuvre d’un quelconque plaisantin (comme si quelqu’un aurait voulu empêcher la capture d’une bête qui dévastait la région et tuait ses habitants !) il décida de se cacher dans les bois la nuit pour surprendre le malfaisant.
Ce fut mon père qui le retrouva le lendemain dans le même état que les précédentes victimes. Cependant il était encore vivant, car c’était un homme gras et bien portant, et il est plus difficile de traverser la chair pour atteindre les parties vitales sur ce genre d’humain que sur un pauvre paysan qui n’a que la peau sur les os. Mon père voulut le faire ramener au domaine pour le faire soigner ; mais c’était trop tard. Avant de rendre son dernier souffle son cousin lui raconta ce qu’il avait vu.
Dès lors notre demeure se transforma en véritable place forte la nuit. Mon père recruta des paysans pour renforcer notre petit corps de garde, et ordre fut donné à tous de surveiller partout aux alentours la nuit. Car comme certains le craignaient, il n’y avait pas un, mais plusieurs monstres. Des monstres avec la force d’une bête, la rapidité et la discrétion d’un loup, l’intelligence d’un humain et la résistance quasi immortelle d’une créature démoniaque. Des armes furent achetés en ville pour compléter notre petit arsenal, la demeure fut barricadée, surveillée, et bien sûr nous reçûmes tous l’ordre absolu de ne pas quitter la demeure la nuit. Mon père nous regarda avec insistance, ma sœur et moi, lorsqu’il fit cette consigne, car nous étions les seules susceptibles de sortir en douce à la tombée du jour.
Cette recommandation était en fait bien inutile : voilà déjà un moment que Dahut et moi restions soigneusement à l’abri derrière les murs de notre demeure après le coucher du soleil. Alors que ma famille raillait les croyances lycanthropiesques des domestiques, nous restions toutes deux silencieuses, songeant à ce que ces mêmes domestiques nous avaient dit. Nous, nous les croyions.
« Je ne veux pas qu’il arrive malheur à deux si gentilles et jolies jeunes dames », nous répétait chaque matin la pâtissière familiale quand nous allions la voir près de ses fours pour profiter de ses généreux et délicieux bienfaits en terme de gâteaux, viennoiseries, tartes, chocolats et autres gourmandises que ne dédaignent pas les jeunes femmes. « Si ce monstre vous trouvait, j’en mourrais ! Promettez moi de ne jamais, JAMAIS, sortir la nuit ! » Et nous lui promettions.
Nombreux étaient ceux qui nous avaient fait ces recommandations. Même au village près de la butte au nord du domaine, où ma sœur et moi allions souvent jouer à colin maillard avec les jeunes paysans (même à dix neuf ans !), on nous mit en garde. Les vieux, en passant près de la pelouse ou de la place dallée où nous riions avec les jeunes du village, s’arrêtaient, allaient vers nous, et nous caressaient les cheveux en soupirant : « Deux si gentilles et si mignonnes gamines, ça serait ben un grand malheur si queq’chose devait leur arriver… Croyiez m’en mes belles, et restez chez vot’père la nuit… Y’a le diable dans les bois. » Là aussi, nous promettions, et Dahut leur faisait remarquer en maugréant qu’elle avait dix neuf ans et n’était plus une « gamine ». Les vieux ricanaient. « Ca joue à colin maillard et à chat perchée comme des chtiotes de dix ans, et ça voudrait qu’on la considère comme une grande dame ! Voyez donc ça, ces sang bleus sont ben arrogantes ! » Et moi de répondre : « Allons papi, vous savez bien que si nous jouons à ces jeux d’enfants avec ces jeunes hommes, c’est juste pour leur voler à tous leurs cœurs, gourmande que nous sommes ! » Tout le monde riait, les garçons de manière gênée, les vieux de manière complice et entendu, ma sœur et moi de manière franche et sonore. L’un de nos jeunes compagnons, plus enhardis que les autres, affirmait que nous étions si belles toutes les deux qu’il n’y avait pas besoin de se forcer à jouer avec eux pour qu’ils soient en totale admiration devant nous. Il faut dire qu’avec nos belles robes, notre peau propre et parfumée et nos coiffures entretenues, nous étions très remarquées chez les paysans. Quelquefois cela me gênait ; mais Dahut en était ravi. Eux, au moins, ne lui disaient pas qu’elle était quelconque et ne se conduisait pas comme une dame, comme on le lui rabachait tous les jours au domaine.
Même le cocher, quand il me déposait devant la porte après m’avoir emmené en ville m’acheter des livres, me disait d’une voix timide : « J’espère bien, damoiselle Iris, que vous ne faites plus d’escapades nocturnes avec votre soeur en ce moment. Il serait tellement dommage qu’une aussi… charmante… demoiselle comme vous viennent à nous être enlevée. » Là encore, je promettais.
Maintenant que j’y pense… Les domestiques et les petites gens des alentours devaient beaucoup nous aimer, Dahut et moi. Et cela, c’était grâce à Dahut. Elle avait toujours été adorable avec eux, elle les avait toujours respectés, et ceci depuis sa plus petite enfance. Elle préférait leur compagnie à celle de sa famille. Vraiment, Dahut n’a jamais trop ressemblé à une dame de noble naissance. Et pourtant elle l’était. Cela se voyait à certains détails. Sa détermination, son courage par exemple. Elle a toujours été un peu tête brûlée… Et c’est de là que provient ce malheur qui la frappa ce soir là.

Ce fut une remontrance, une remarque de mon père de plus. Comme toujours, cela se passait à table, durant le repas familial du soir qui était devenu une torture pour ma sœur et moi. Juste un petit reproche, je ne sais même plus à quel sujet, je crois que c’était rapport à une robe qu’elle avait déchiré l’après midi en essayant de grimper dans un arbre. Et ma marâtre d’en rajouter, et Annie d’en remettre une couche. C’était comme on dit la « goutte d’eau qui fait déborder le vase ». Dahut se leva soudain de table. Cela lui arrivait dès fois, et dans ce cas elle partait sans un mot dans sa chambre. Mais là… elle hurla ! J’en fus si bouleversée que je lâchais ma cuillère pleine de soupe qui tomba sur ma robe. Sans y prêter attention, je me levais d’un bond de ma chaise. Dahut fermait fortement les yeux, ses mains sur ses oreilles, le visage tourné vers le plafond, la bouche grande ouverte, hurlant comme une hystérique. Personne ne réagissait, tous étaient trop surpris pour faire quoi que ce soit. Je me suis précitée vers ma sœur, je l’ai pris par les épaules, je lui ai dit des paroles réconfortantes, j’ai tout fait pour la calmer. Finalement après quelques secondes elle cessa soudain de crier, se dégagea de mes mains amies et se précipita vers le couloir sans m’accorder un regard. J’étais tellement choquée, traumatisée presque par ce qui venait d’arriver. Je fondis en larmes, m’écroulait sur le sol en hurlant moi aussi. Toute la tension de ces dernières années, toute la haine et la rancœur, qui peu à peu s’étaient accumulées en nous, tout cela sortait, d’un coup. Et il a fallu que ce soit alors qu’une meute de loup garou campe près de chez nous !
Je restais à pleurer, affalée contre le sol. Mon père voulut me raisonner. Il était bouleversé de voir sa fille chérie dans cet état, sa fille qui le haïssait, comme je le lui hurlais aussitôt, sa fille qui ne pouvait plus le supporter, sa fille qui le tuerait s’il refaisait encore une fois du mal à Dahut. Mon père n’était pas vraiment méchant… Il m’aimait, et au fond de lui il aimait Dahut. Sans doute suis-je trop injuste envers lui… Il avait ses principes, sa manière de faire, il était comme il était, qu’y pouvait-il ? Et je mentais en disant que je le haïssais, car même si je lui en voulais pour beaucoup de choses je l’aimais un peu, moi aussi. Mais les mots méchants sortaient sans que je puisse les retenir. Je me souviens que mon père s’est soudain reculé de moi, et une réelle tristesse se lisait sur son visage. Sa femme voulut à son tour régler la situation, et elle s’y prit d’une bien mauvaise manière : elle voulut me faire la morale, me faisant remarquer que je n’avais pas à parler ainsi à mon père, que je lui devais tout et que j’étais bien ingrate ; puis elle me dit aussi qu’une dame n’avait pas à se tenir ainsi et, erreur de sa part, me prit par les épaules pour me relever, en me répétant : « Allez, allez ! Tu fais honte à la famille, un peu de tenue ! » Je me suis levée d’un coup, et je l’ai giflée, je l’ai giflée si fort qu’elle est partie en arrière et qu’elle est tombée sur le dallage froid de la salle à manger, la marque rouge de ma main profondément ancrée sur son joli minois.
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Iris
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MessageSujet: Re: Histoire d'Iris : les deux soeurs.   Histoire d'Iris : les deux soeurs. Icon_minitimeJeu 05 Oct 2006, 05:37

Cela me fit un bien, un bien fou ! Il n’y a pas de mots pour décrire ça. Quel soulagement, quel plaisir ! La frapper, frapper cette maudite chienne qui avait remplacé ma mère et se comportait si mal envers ma sœur chérie ! Je restais là, debout, la robe froissée, les cheveux tombant sauvagement autour de mon visage crispé, la main encore levée, un méchant sourire aux lèvres, les yeux fous. Mes petites sœurs me regardaient bouche bée, Annie était blême, quelques autres membres de la famille qui étaient présents n’osaient pas réagir, ne sachant pas de quelle manière s’en mêler. Je devais réellement avoir l’air d’une folle ou d’une sauvage. Je m’en fichais.
J’aurais du m’excuser, ou peut être au contraire la frapper du pied au cas où elle n’aurait pas encore compris combien je la détestais. Je ne fis rien de tout ça. Faisant soudain volte face je me précipitais vers la porte où était sortie Dahut, ne songeant qu’à la rejoindre. Mon père m’appela, je me retournais une dernière fois avant de sortir et prononçais des paroles qui me surprirent et dont je ne m’aurais pas cru capable.
« Pardon pour tout à l’heure, père, je vous aime quand même un peu et vous le savez. Si au moins vous pouviez partager tout l’amour que vous me donnez avec Dahut, nos vies seraient tellement plus heureuses ! »
Je crois qu’il a alors compris, car la dernière chose que je l’ai entendu me dire avant que je ne disparaisse dans le couloir, ce fut des excuses… Des excuses envers Dahut, que je devais lui transmettre, avec tout son amour. Sa femme venait d’être frappée et humiliée devant tout le monde, et il ne s’en souciait pas. Il venait de se souvenir sans doute qu’il aimait Dahut et qu’elle était sa fille. Il s’excusait pour tout le mal qu’il lui avait fait, il l’aimait, il allait agir différemment à présent et accepter sa fille comme elle était. Voilà à peu près ce qu’il me dit. Il avait fallu deux crises de nerfs, la mienne et celle de Dahut, pour qu’il comprenne enfin. Mais c’était trop tard, hélas. Nous aurions pu être si heureux ensuite… Mais trop tard.

J’ai cherché Dahut comme une folle. Elle n’était ni dans sa chambre, ni dans le grenier où elle se réfugiait pour pleurer, ni dans les cuisines, ni chez l’ancienne femme de chambre de ma mère… Nulle part ! Je finis par comprendre en voyant la porte de notre demeure grande ouverte, et nos gardes qui s’agitaient devant. Me précipitant vers eux, je leur demandais s’ils avaient vu ma sœur, « celle qui est châtain et qui a les yeux comme moi. » Mes angoisses se concrétisèrent lorsqu’un grand et costaud paysan armé d’une fourche m’avoua, l’air très gêné et très peiné, qu’elle avait forcé le passage et s’était enfuie en plein nature. « Vous comprenez », expliqua-t-il en guise d’excuses, « nous on nous avait dit de surveiller ce qui pouvait venir de l’extérieur… Pas de l’intérieur ! Quand elle est passée devant nous en courant, on a été ben surpris ! On a ben essayé de la rattraper, mais c’est qu’elle est rapide ! »
Je me remis à hurler, et n’écoutant plus que mon amour pour elle, je courus à mon tour vers la campagne. Les gardes essayèrent de m’arrêter, mais moi aussi je courais vite ! Finalement ce fut le cocher, qui faisait le guet lui aussi, qui me rattrapa, me ceintura et me fit tomber dans l’herbe.
« Non, mademoiselle Iris, NON ! »
Je me débattis en hurlant et en le frappant, mais d’autres gardes arrivèrent et me ramenèrent, toujours hurlante et gesticulante, derrière les murs. Il fallut m’enfermer dans une pièce, je devenais folle ! J’ai tapé contre la porte pendant longtemps, jusqu’à ce que mes phalanges ne soient plus que des morceaux de chair ensanglantées, et alors je m’effondrais soudain contre le sol, pleurant tout ce que j’avais, appelant sans cesse Dahut, ma chère sœur, l’être auquel je tenais plus que tout dans ce monde. Je me rappelle que mon père est entré alors dans la pièce, et s’est dirigé vers moi en gémissant mon nom. Je le repoussais faiblement, puis… Puis je crois que j’ai du m’évanouir.

A mon réveil, j’étais dans mon lit, les mains bandées, sans force. Le soleil était levé depuis longtemps. Je me levais aussitôt ; il y avait deux gardes devant ma porte. Je leur demandais d’une voix tremblante si ma sœur était revenue. Ils restèrent silencieux quelques instant, puis l’un d’eux finit par m’avouer, d’une voix pleine de chagrin, qu’on ne l’avait pas retrouvé.
« Mais il faut garder espoir, tout les hommes de votre père battent la campagne depuis ce matin… On va bien finir par la retrouver… »
Ou retrouver son cadavre. Il ne le dit pas mais c’était la suite logique de ses paroles. Je me suis évanouie une seconde fois.

Dahut n’est jamais rentrée. Un mois se passa ainsi. Un mois dont je n’ai que peu de souvenir, tant sa disparition me laissait sans espoir, sans force, sans joie, sans plus aucune envie d’exister. Je ne m’alimentais plus, je ne sortais plus de ma chambre sauf pour demander d’une voix très faible à une servante de passage dans le couloir si ma sœur était revenue. La réponse était toujours négative. Je me laissais mourir. Je restais allongée toute la journée, je pleurais tout le temps, j’avais de la fièvre en permanence, je fermais mes volets pour ne plus voir le jour. Je délirais dans mon sommeil en appelant ma sœur. Je me mis à dépérir, à maigrir, mes cheveux devinrent ternes et mes yeux vides. Je voulais disparaître, je voulais mourir. Mon père fit tout ce qu’il pouvait pour me sortir de ma folie. Mais désormais je le haïssais. Je le haïssais parce qu’il avait tué ma sœur, et il le savait. Il devait être rongé par le remord, celui d’avoir provoqué la mort d’une de ses filles et d’en avoir plongé ainsi plongé une autre dans un désespoir sans fin. Je ne revis pas ma marâtre et tant mieux. Dans mes noirs souvenirs de ce mois abominable, je me souviens que mes autres sœurs sont venues me voir. Les petites, pour m’apporter des chocolats ou me lire des histoires. Je les renvoyais en leur disant de m’oublier. Elles pleuraient. Pauvres enfants… Je n’étais pas un spectacle pour elles et pour leur innocence. Et de cela aussi je maudissais mon père.
Annie aussi vint me voir. Etonnant, n’est ce pas ? Je songeais à l’époque qu’elle devait être bien satisfaite de voir sa rivale en attrait et en renommée dépérir ainsi, la replaçant par là même sur un piédestal d’où je l’avais jadis bannie. Mais en réalité elle devait s’en vouloir elle aussi. Elle n’avait jamais rien fait pour défendre Dahut, elle la grande sœur, elle avait toujours fait preuve d’indifférence envers nous, parfois de jalousie et de méchanceté, et maintenant elle regrettait et voulait réparer, en essayant de sauver au moins Iris, puisque Dahut était perdue. Elle vint me raconter des histoires et me lire des livres. Je ne l’écoutais pas, je ne pensais qu’à ma sœur aimée. Elle essayait de me remonter le moral, me parlait de ce qui se passait dans la demeure, en ville ou même dans les villages des environs, comme elle savait que j’y allais souvent. « Tu sais, Armand, le beau forgeron du village des Arcerons, il dit que tu lui manques beaucoup. Et Michel, le petit apprenti qui travaille dans nos cuisines, il dit souvent qu’il aimerait te revoir venir lui chiper un bout de tarte aux pommes caramélisée. » Le souvenir de ces êtres, que je n’avais toujours côtoyé qu’en présence de Dahut, faisait ressurgir celui de ma sœur et des moments passés avec elle, et je pleurais davantage. « Pourquoi tu ne retourne pas voir ta chère mère au lieu de me tourmenter ? Je ne suis pas encore assez abattue pour toi ? » Voilà ce que je lui disais, et elle me regardait d’un air sincèrement blessé et plein de remords.

Je ne suis pas morte durant ce mois… Sans doute parce que je savais au fond de moi que Dahut était toujours vivante. Je vous ai déjà parlé de cet espèce de lien télépathique entre nous. Je savais, dans mon inconscient, que je la reverrai, et c’est ce qui me fit tenir sans que je le sache.
Dahut était en effet vivante, mais plus tout à fait la même… Lorsque je la revis pour la première fois, j’ai cru que mon cœur allait exploser. Une telle joie et un tel soulagement sont presque trop pour une âme humaine. A nouveau, j’ai pleuré, j’ai hurlé, mais cette fois c’était de bonheur et non de chagrin. Je débordais. J’aurais voulu me changer en quelque chose de très grand pour contenir ce sentiment de bonheur total qui m’aveuglait.
Elle revint au domaine un mois après sa disparition, en pleine nuit. Elle tapa à mes volets, je les ouvris et ma première pensée en voyant le visage chéri de ma sœur adorée fut que j’étais finalement devenue complètement folle et que je délirais, m’imaginant revoir ma sœur morte dans un accès de démence. Mais elle était bien là. Nous nous sommes précipité dans les bras l’une de l’autre. Je savais bien qu’elle avait changé, je le sentais à son odeur, à la force avec laquelle elle me serrait, à sa voix qui me disait qu’elle m’aimait. Mais cela m’était bien égal. Elle aurait pu revenir sous la forme d’un démon que je l’aurais toujours autant aimé.

Nous passâmes le reste de la nuit à parler. Je lui décrivais la peine que j’avais éprouvée en la croyant perdue à jamais, elle me décrivit celle qu’elle avait ressenti en étant séparée de moi durant si longtemps. Jamais nous n’étions restées un mois entier l’une sans l’autre ainsi, et ce depuis notre plus petite enfance. Mais Dahut avait peur de revenir, maintenant qu’elle était devenue une créature de l’ombre. Elle craignait ma réaction. Deux oreilles de louve dépassaient maintenant de sa chevelure, ses traits étaient plus forts, plus marqués. Elle semblait aussi avoir un peu grandi, et elle m’évoquait à présent une guerrière. Mais je l’aimais toujours autant et je le lui dis.
Elle me parla de sa « meute », qui était comme une nouvelle famille pour elle, si différente de l’ancienne. Après que le loup garou qui l’avait attaqué l’eut laissée en sang dans les bois, la croyant morte, elle était restée de longues heures prostrée et souffrant mille morts. Sans doute était elle morte d’ailleurs. Elle ne se souvenait pas de grand-chose, sinon qu’elle avait fini par sortir de sa torpeur au petit jour, ses blessures miraculeusement guéries, et tout à fait consciente de sa nouvelle nature et de ce que cela impliquait. Elle s’était terrée dans un buisson, craignant désormais les hommes bien qu’elle les vit aussi comme des proies dorénavant. Puis lorsqu’une nouvelle nuit était survenue, elle s’était mise en quête du loup qui l’avait mordu et était tombé sur tout un groupe qui se faisait appeler les « Loups de l’Orme ». Ceux-ci l’avaient tout de suite accepté, telle qu’elle était, sans poser de question, sans faire de remarque, ils l’avaient protégée et l’avaient aidée à faire ses premiers pas dans cette nouvelle vie. Tous étaient devenus ses amis.
« J’étais presque heureuse parmi eux… Presque, car je ne pouvais cesser de penser à toi, ma belle Iris. Ta présence me manquait cruellement, petite sœur. Et eux ne comprenaient pas, car tous avaient presque aussitôt oublié leurs familles et leurs vies d’humain, et ceux qui ne l’avaient pas oublié avaient néanmoins tiré un trait dessus. Lorsque je me suis mise récemment à perdre l’appétit et à me réveiller pendant le jour en pleurant et en t’appelant, le chef des Loups de l’Orme m’a dit qu’il fallait que je retourne te voir puisqu’il ne pouvait en être différemment. J’ai suivi son conseil et je regrette de ne pas l’avoir fait précédemment. Ma pauvre Iris ! Tu es dans un tel état, on te croirait gravement malade ! Pardonne moi de t’avoir donné tant d’inquiétudes. »
Je lui conseillais de revenir au domaine, de revoir notre famille, mais elle refusa. Ils ne l’accepteraient pas, disait-elle.

« Alors c’est à moi de partir avec toi. Mords moi et laisse moi devenir louve à tes côtés. »

Là encore, elle refusa. J’étais trop jeune pour devenir immortelle. Et ce genre de décision ne se prenait pas à la légère. De plus j’étais si frêle, si sensible ; une telle existence me conviendrait elle ? Il fallait attendre, et peut être plus tard…

Dahut repartit au matin en m’ayant fait jurer de garder le secret et en promettant de revenir me voir. Lorsque la servante arriva peu après pour tirer mes rideaux et m’amener un petit déjeuner que je n’avalais plus depuis un mois, elle eut la surprise de me trouver levée, lavée et habillée, un sourire encore inondé de larmes sur mon visage. Sa surprise s’amplifia lorsque je me jetais sur le plateau de nourriture et en avalais rapidement son contenu. J’étais morte de faim.
Sitôt que j’eus fini mon petit déjeuner je m’excusais de m’être ainsi jetée sur les plats sans la retenue propre aux demoiselles. En réponse de quoi j’eus droit à un radieux sourire et à deux bras qui m’enlacèrent aussitôt.
« Oh, mademoiselle Iris, ne vous excusez pas ! Mangez, mangez donc, je vous en ramène encore si vous le souhaitez ! Quel plaisir de vous voir ainsi revivre ! »
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MessageSujet: Re: Histoire d'Iris : les deux soeurs.   Histoire d'Iris : les deux soeurs. Icon_minitimeJeu 05 Oct 2006, 05:38

Une heure après toute la maisonnée était au courant que je me portais mieux. La servante n’avait pas perdu de temps et criait joyeusement dans les couloirs que j’avais enfin consenti à avaler quelque chose. Mon père vint me voir, ainsi que mes sœurs, puis les domestiques qui m’étaient le plus proche. Tous se réjouissaient de voir que finalement je m’étais décidée à vivre malgré le terrible malheur qui avait frappé le domaine. Et je leur répondais simplement en souriant, sans rien dire de ma visite nocturne, comme je l’avais promis à Dahut.

Ma sœur aussi tint sa promesse. Elle me rendait visite au moins deux fois par semaine. C’était peu comparé à notre vie d’avant, mais cela me suffisait. Elle se mit à m’emmener dans les bois la nuit. Mais jamais elle ne me fit rencontrer sa meute. « Les humains doivent rester avec les humains », disait-elle, « et les loups avec les loups. Nous deux, c’est différent, car les liens qui nous unissent dépassent de loin les barrières entre espèces. Mais contente toi de moi et ne cherche pas à en connaître plus. » Je lui obéis.
Le reste des nuits, je dormais. Et j’occupais mes journées à lire ou à monter à cheval. Le temps que me laissait à présent l’absence de ma sœur durant le jour me fit découvrir une passion soudaine pour l’équitation, et pour les animaux en général. J’appris à soigner les bêtes auprès des garçons d’écuries ou des villageois. Mon père ne me reprocha jamais cette nouvelle marotte, trop heureux de ne plus me voir passer mes journées enfermée dans ma chambre. Néanmoins il me fit quelques reproches lorsqu’il apprit un jour que je n’avais rien trouvé de mieux, lors d’une promenade en forêt, que de secourir un loup blessé par un piège, le soigner et le ramener au domaine ! Mes supplication finirent par le laisser fléchir et il accepta que le loup reste dans une cage près des bassins jusqu’à ce qu’il guérisse, après quoi il fut relâché dans le bois.

Mon père s’en voulait toujours pour Dahut et il devint un vrai ange envers moi, effaçant peu à peu son côté austère et infléchissable. Mon ressentiment envers lui commençait à diminuer. Annie fit tout pour conquérir mon amitié. Puis elle épousa, à l’âge de vingt-cinq ans, un noble des environs et quitta le domaine un an après que Dahut eut disparu. Je devins donc la fille aînée.
Quant à ma belle-mère, elle finit par réaliser le rêve de son duc : lui offrir un héritier. Peu après le mariage d’Annie la nouvelle se répandit partout dans le pays : un garçon allait naître. La marâtre ne m’adressait quasiment plus la parole depuis la soirée où je l’avais giflée, et j’en étais fort satisfaite, lui rendant la pareille sans me faire prier. J’eus l’idée d’essayer de renouer le contact avec ma mère, mais les parents de celle-ci, chez qui elle était retournée après avoir été chassée par mon père et à qui j’avais écrit en douce après avoir enfin réussi à me procurer leur adresse, me répondirent qu’elle s’était remariée et qu’ils ignoraient où elle se trouvait à présent, le mari étant un peu aventurier et voyageant beaucoup. Néanmoins aux dernières nouvelles ma mère était très heureuse de ce nouveau mariage.

Plus de deux ans passèrent encore ainsi, et mes vingt ans approchaient lorsque Dahut m’informa avec regret que sa meute migrait vers d’autres contrées et qu’elle devait les suivre. « Mais je ne t’oublie pas, petite sœur, je ne t’oublierai jamais. Tu es plus âgée que moi maintenant, moi qui suis bloquée à mes dix neuf ans pour toujours… Je reviendrai te voir, je te le promets. »

J’étais effondrée, mais je ne pouvais la retenir. Je lui demandais alors à nouveau de faire de moi une louve garou, pour pouvoir la rejoindre dans son monde nocturne et la suivre dans ses voyages. A nouveau elle refusa.

« Tu es trop jeune », murmura-t-elle. « Tu sais, c’est parfois dur d’être éternellement bloquée à dix neuf ans… Mais un jour Iris, un jour je te le promets, tu nous rejoindra. Tu feras une magnifique louve. Tu es douce et tu aimes te promener dans la nature. Je ferais de toi un lycan, et nos destins seront liés à jamais. »

« A ton retour, Dahut. Dès que tu seras revenue, promets le moi. »

« A mon retour, Iris, tu deviendras loup garou. Je te le promets sur notre sang à toutes deux. »

Nous nous enlacèrent une dernière fois et elle partit. Depuis ma fenêtre je la regardais s’éloigner du domaine, s’enfoncer dans les bois sans un regard en arrière. Puis je ne la vis plus, plus avant très, trop longtemps.

Plus de deux ans passèrent encore et Dahut n’était pas réapparue. Pourtant j’aurais tant eu besoin d’elle… Maintenant que le fils tant espéré était né, mon père ne se souciait plus guère de moi, me considérant à nouveau comme une bonne occasion de tisser des liens avec une autre famille puissante grâce au mariage auquel on me destinait. Tout le domaine semblait n’avoir d’yeux et d’attention que pour cet héritier tant attendu. L’absence de Dahut m’était cruelle, je me sentais si seule, isolée dans cet immense maison à attendre que l’on veuille bien faire de moi quelque chose d’utile en me mariant à un beau parti… Je vis défiler à la table de la famille ducale un nombre incalculable de riches héritiers, de nobles mondains, de jeunes marquis aux yeux de merlan frit et aux sourire mielleux d’une blancheur écoeurante de mièvrerie. Je faisais de mon mieux pour déplaire le plus possible, feignant la stupidité en gardant le silence sauf pour répondre niaisement et de travers aux questions posées, ou au contraire étalant à outrance toute la somme de mes connaissances et toute l’étendue de ma culture jusqu’à ce que mon soupirant finisse avoir la tête plus gonflée qu’une outre pleine d’huile.

Mon père me réprimandait mon comportement et semblait de plus en plus violent à mesure que les jours passaient, ne se radoucissant qu’en présence de son cher fils ou de la mielleuse dinde qu’il appelait sa femme et qu’il adorait comme une déesse à présent qu’elle avait enfin donné un héritier à la famille. Il prenait de l’âge et devenait soupe au lait, lui jadis si rigide et constant dans ses émotions et son comportement. Je me mis presque à le fuir. Je commençais à désespérer de revoir ma sœur un jour. Seul l’espoir de la voir une nuit se glisser à nouveau par ma fenêtre entrouverte, faire de moi une créature semblable à elle et m’emmener avec elle loin du domaine ducal pour toujours me permettait de tenir. Je ne pouvais qu’attendre et espérer. Et quelque fois aussi je doutais. Si elle m’aimait autant qu’elle le disait, si elle m’aimait autant que moi, je l’aimais, alors pourquoi était elle partie ainsi, m’abandonnant à cette exécrable famille, à cette morne et solitaire existence, alors que je n’aspirais qu’à courir, belle louve à la robe chatoyante, à ses côtés dans les steppes lointaines, sous la lune complice de nos courses folles ? Je ne cessais de m’imaginer sous ma future forme de louve. Dans mes rêves je parcourais souverainement les forêts aux côtés de ma sœur, j’avais un beau pelage doux et soyeux, des yeux étincelants, une démarche magistrale mais discrète, de belles oreilles de loups. Puis je me voyais sous cette forme que Dahut nomme « lycan d’attaque » ou plus simplement lycan, je devenais une puissante bête à la musculature surdéveloppée, aux crocs gigantesques et dangereusement acérés. Cela m’effrayait un peu mais ne me déplaisait pas forcément. Je songeais à tout ce qui m’attendait dans cette future vie. A la nuit, à la lune, aux courses sauvages, à la nature que je rejoindrai, à l’immense et complète liberté que j’éprouverai enfin. Tout ces espaces à parcourir, toutes ces terres à découvrir, tout ces ennemis à combattre, tant d’aventures, et tout cela sous la forme de ce bel et noble animal si injustement haï qu’est le loup. Oui, j’avais vraiment hâte de devenir un loup garou, c’était mon destin, mon futur, ce pour quoi j’existais. Et je sentais, malgré la distance, que c’était ce que se disait aussi ma chère Dahut. Dahut à qui je devais tant manquer, Dahut qui était si triste de m’avoir ainsi laissée. Mais elle allait revenir… Un jour elle reviendrait et je quitterai cette vie. Bercée de ces délicieuses pensées j’allais et venais dans la demeure familiale, rêveuse et les yeux pleins d’étoiles. Beaucoup disaient que je devais bien m’ennuyer pour ainsi traîner en rêvassant dans les couloirs, et qu’il était tant de me marier. Mais cela était hors de question pour moi : me marier, c’était quitter le domaine, et alors comment Dahut pourrait elle venir me chercher ? Je continuais donc à tout faire pour éloigner mes prétendants, et afin de me préparer à ma future existence, je lisais tout les ouvrages fantastiques et traitant des créatures de l’ombre que je pouvais trouver.

Mes vingt deux ans arrivèrent et mon père désespérait de me voir un jour prendre époux. Ma marâtre ne se gênait plus pour faire des remarques désobligeantes sur ma situation, répétant sans cesse que je finirais vieille fille et que c’était mon caractère trop affirmé pour une jeune demoiselle digne de ce nom qui me mettait dans cette désobligeante situation de toujours vivre chez ma famille à vingt deux ans. Je rétorquais qu’Annie s’était mariée bien plus tard et qu’on ne lui avait rien reproché. Même mes petites sœurs faisaient des remarques dans mon dos, et les domestiques soupiraient de voir une si belle et gentille jeune dame comme moi toujours célibataire. « Il vous faut un gentil mari, qui vous aime et qui prenne soin de vous », me répétait le cocher. « Vous ne pouvez pas rester une enfant toute votre vie, mademoiselle Iris. Le ménage est une si jolie chose, et cela vous sortirait de votre solitude et de vos rêveries continuelles. » Beaucoup disaient que je ne m’étais toujours pas remise de la disparition de Dahut, et que c’est pour cela que je voulais à tout prix rester au domaine. En un sens ils n’avaient pas tort.
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MessageSujet: Re: Histoire d'Iris : les deux soeurs.   Histoire d'Iris : les deux soeurs. Icon_minitimeJeu 05 Oct 2006, 05:39

Et puis un matin, un jeune chevalier de passage dans la région vint demander l’hospitalité à mon père, qui le reçut avec d’autant plus d’empressement que son invité était issu d’une des plus nobles et puissantes familles du pays voisin. Je me rappelle vaguement d’un agaçant et pédant bavard aux longs cheveux blonds et à la mâchoire carrée, très imbu de lui-même et se ventant sans cesse de glorieux combats et massacres de dragons, démons, monstres du Loch Ness et autres créatures soi disant invincibles mais que lui, puissant chevalier, avait réussi à abattre, et en disant cela il bombait le torse en me gratifiant d’un grand sourire scintillant et qui se voulait charmeur. Bien sûr il m’avait remarquée tout de suite, et je voyais à l’expression de mon père que celui-ci espérait bien voir ce si vaillant et réputé jeune homme réussir l’exploit de marier enfin sa fille. Naturellement je m’appliquais du mieux possible à l’ignorer et à afficher la plus grande froideur dont je puisse être capable, ce qui ne m’était pas difficile tant les manières arrogantes de ce chevalier « grand serviteur du peuple chrétien » me répugnaient.
Mes petites soeurs étaient naturellement vivement intéressées par la conversation, entre autre l’aînée qui allant sur ses dix huit ans commençait déjà à faire les yeux doux aux beaux jeunes nobles invités à notre table dans l’espoir de se caser avec l’un d’eux. Les jumelles étaient surexcitées par les récits héroïques du chevalier et ne cessaient de réclamer une nouvelle histoire de monstre. Il faut dire qu’il racontait à merveille, comme on raconte un conte, ce qui me faisait d’ailleurs assez douter de la totale véracité de ses propos. Durant le dessert la conversation se porta sur les loups garous et je tendis soudain l’oreille, tout ce que je pouvais apprendre sur ma future condition m’étant forcément utile.

« Aaaah, les loups-garous… Les lycanthropes, du grec lycan « le loup » et tropisme « la transformation », ces êtres jadis humains et mortels, passés du côté du malin pour avoir le pouvoir de se changer quand bon leur semble en ces animaux avides de sang que sont les loups… Des êtres abominables, qui dit on peuvent également prendre l’apparence d’une bête féroce, à chemin entre le loup -toujours- et le monstre, ivre de chair et de carnage. J’ai plusieurs de ces abominations à mon sanglant mais néanmoins vertueux répertoire, savez vous. Certes ce furent de rudes combats, cent fois je crus être rappelée auprès de notre Seigneur lorsque je combattis ces enfants du démon, mais toujours je m’en sortais vainqueur et… »

Je cessais d’écouter et partait à nouveau dans mes rêveries. J’en fus très rapidement tirée lorsque j’entendis le chevalier parler des « Loups de l’Orme ». Jamais je n’oublierai le nom de la meute de Dahut.

« Ah, ces Loups de l’Orme, une vraie plaie dans les terres de l’est ! J’en combattis quelques uns, avec tout le courage que Dieu me donne chaque jour pour servir Sa loi, mais toujours ces créatures infernales parvenaient à fuir… Enfin, ce n’est plus qu’un mauvais souvenir désormais ! Voilà à peine cinq jours de cela, on a retrouvé toute la bande… massacrée ! Et non loin d’ici, dans le comté de Marporont ! Visiblement ces créatures du diable se dirigeaient vers l’ouest, vers vos terres cher et estimé duc ! Une chance que quelque force terrifiante les ait stoppées avant ! »

Je ne fis pas un mouvement, pas le moindre geste. Je restais droite sur ma chaise, écoutant comme dans un rêve la suite des paroles de ce maudit chevalier.

« Ce qui est étonnant, c’est que personne n’a revendiqué l’extermination de ce terrible fléau… A en croire la manière dont les loups garous furent tués, on pense à l’agissement d’autres créatures cauchemardesques… Si ces démons s’entretuent entre eux, ils vont nous faciliter le travail à nous autres, chevaliers ! » s’exclama-t-il avec un grand éclat de rire en portant sa coupe de vin à ses lèvres.

« Vous voulez dire que ce sont d’autres lycans ? » demanda l’une des jumelles, les yeux écarquillés.

« Et qu’il y a eu une guerre entre différents groupes de lycans ! » renchérit la deuxième, un grand sourire sur ses lèvres.

Le chevalier prit un air mystérieux.

« Seul Dieu ou le malin peuvent le dire… Certains parlent d’un grand être aux yeux noirs et inhumains, enveloppé d’une longue cape aussi sombre que la nuit, et qui aurait, à lui seul, défait la horde toute entière… Je sais à quoi vous pensez, charmantes petites dames. Un Nosferatu, un vampire… »

Les jumelles dévoraient notre invité des yeux.

« Et où est il ce puissant vampire, maintenant ? »

« Je me demande si ce genre de discussion est ce qu’il y a de mieux pour ces jeunes demoiselles », souffla ma marâtre au duc.

« Aaah, qui sait où il se trouve ? Et puis, sans doute tout cela n’est il que stupides racontars de villageois ignorants… Une seule chose est sûre : les Loups de l’Orme ont tous été envoyés en enfer, pour le plus grand bonheur des créatures de Dieu !! Loué soit-Il, pour nous avoir délivré de ce fléau ! »

« Il parait que les vampires et les loups garous se font souvent la guerre », déclara l’une des jumelles qui ne comptait pas changer de sujet aussi facilement. « Et il parait aussi que… Iris ? Ca va ? Tu es toute pâle, tu as avalé de travers ? Iris ?? »

Je n’entendis plus rien, je m’enfonçais soudain dans un gouffre noir au fond duquel je savais ne plus trouver désormais que le néant et le désespoir. Ma sœur venait de mourir une seconde fois.


Ce furent les adorables jumelles ainsi que les domestiques qui étaient présents au repas qui me racontèrent la suite. Après mon malaise, alors que mon père s’était levé précipitamment pour m’empêcher de tomber durement au sol, les serviteurs présents accoururent pour me transporter dans ma chambre. Ce grand benêt de chevalier n’avait même pas réagi, trop surpris par ce qui se passait. Je me rappelle, vaguement, de cette agitation autour de moi, de la petite dernière qui pleurait car j’étais devenue, disait-elle, « si pâle que je semblais morte ». Et j’avais bien failli mourir, à nouveau. Mon cœur s’était soudain presque arrêté, le sang n’affluait plus. Je passais une nuit horrible, délirant comme après la première disparition de ma sœur, hurlant son nom comme une demeurée. Mon père ne savait que faire. « Quelle idée, aussi, d’avoir laissé notre invité raconter ces histoires de loups garous, alors que c’est à cause d’eux que notre Dahut nous a été enlevée ! » En entendant le nom de ma sœur je hurlais encore plus fort. Je sentais mon cœur s’emballer, je traversais une crise d’hystérie, d’épilepsie, allez savoir quoi exactement, si forte que j’en avais des spasmes. Je me débattais dans mon lit, la bouche grande ouverte, les yeux révulsés, je voulais mourir, tout espoir m’était enlevé.

Mais au matin j’étais toujours vivante, une fois de plus. Faible mais toujours dans ce monde. Décidemment je devais avoir une forte envie de vivre… Ou alors peut être qu’inconsciemment, je savais à nouveau que Dahut était toujours parmi nous et que je la reverrai ? Me confortant dans cette idée, je me laissais habiller comme une zombie et descendit le grand escalier jusqu’à la salle à manger, escortée de deux domestiques prêts à me soutenir si je recommençais mes crises.

Mon père m’attendait, seul, à la grande table. Je m’assis sans un mot et mordit dans un morceau de pain. J’étais morte de faim.

« Iris. »

Je ne lui répondis pas, je continuais à mâcher machinalement mon pain, les yeux baissés et dans le vague, encore sonnée.

« Iris !! Regarde moi. »

Je consentis à lever les yeux.

« Iris, cela ne peut plus durer, ma fille. Tu ne peux plus rester ici. Il faut que tu chasses le funeste souvenir de ta sœur défunte, et cela ne sera pas possible tant que tu restera ici avec nous. Il est temps que tu te maries, et que tu partes te construire une nouvelle existence avec ton époux. »

Je fis la grimace et sa voix monta d’un ton.

« C’est pour ton bien, ma fille ! J’ai perdu ta sœur, je ne veux pas que tu la suives. Tu es constamment dans tes pensées depuis si longtemps. Tu ne fais rien sinon rêvasser et lire je ne sais quels ouvrages pour enfants. Tu refuses tout les beaux partis qui se présentent, tu refuses de grandir et de te lancer dans une nouvelle existence. Tu t’accroches au souvenir de ta sœur disparue comme à la corde d’un gibet ! Désolé pour cette comparaison macabre. Mais regardes toi ! Tu restes bloquée sur ton enfance passée avec elle. Et… Tu deviens folle, Iris ! Cette crise d’hystérie, cette nuit, simplement parce que ce chevalier a parlé de loups garous ! »

Je ne répondis rien, je n’en avais ni la force ni l’envie. J’écoutais docilement ce qu’il avait à me dire, au moins cela m’empêchait de réfléchir.

« Tu as toujours été fragile, physiquement… Mais aussi psychologiquement. Je ne veux pas te voir dépérir et perdre la raison ici. Je veux que tu te maries. Je veux que tu ailles vivre ailleurs heureuse, je veux que tu aies des enfants et que tu oublies toute cette affreuse histoire ! »

C’est alors qu’il me dit quelque chose qui me surprit :

« Et tu peux bien choisir celui que tu voudras ! Peu importe qu’il soit riche, peu importe même qu’il soit noble, je veux juste qu’il te rende heureuse… Je veux te voir vivre, ma petite Iris, ma petite fille ! »

Les larmes me montèrent aux yeux. Mon père m’aimait à ce point… Je le savais bien sûr. Mais il m’était si dur de le reconnaître, étant donné son comportement envers moi.

Je me mis à pleurer doucement. Mon père vint vers moi et me prit doucement par les épaules, la voix tremblante.

« Taris tes larmes, ma belle Iris… Peu importe que tu fasses honneur ou non à la famille. Je veux te voir de nouveau heureuse, et c’est tout. Tu es intelligente, tu es sensible et pleine de bonté, je le sais. Tu mérites mieux que cette existence emplie de solitude et de tristesse dans laquelle tu t’obstines à vouloir rester. »

J’étais à deux doigts de lui dire la vérité pour Dahut, mais je me contentais de lui demander pourquoi il ne pouvait pas me dire plus souvent qu’il m’aimait. Et pourquoi il ne l’avait jamais dit à ma sœur puisqu’il l’avait aimée, elle aussi.

« Peut-être serait elle encore parmi nous si… »

Je n’achevais pas et m’effondrait en larmes. Mon père me serra contre lui en me caressant les cheveux, comme une petite fille. Je laissais s’écouler toute la tristesse et la solitude des deux années qui venaient de s’écouler.

Puis je me forçais à sourire à travers mes larmes, je promis à mon père que j’allais essayer de faire des efforts, je lui dis que je l’aimais lui aussi et que j’allais désormais cesser de faire mauvaise figure envers mes soupirants. Soudain je pensais moins à Dahut, je me rendais compte que je pouvais trouver encore de l’amour au domaine malgré son absence, l’amour de mon père, mais aussi celui de mes petites sœurs qui s’étaient tant inquiétées pour moi.
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MessageSujet: Re: Histoire d'Iris : les deux soeurs.   Histoire d'Iris : les deux soeurs. Icon_minitimeJeu 05 Oct 2006, 05:39

Cela aurait pu finir ainsi… Mais non, rien n’était fini. Car le vampire, celui qui avait massacré la meute de ma sœur, celui là même était sur nos terres au moment où je me « réconciliais » avec mon père. Et j’allais être sa victime.

Les jours passaient et je ne pouvais que difficilement me faire à l’idée que j’allais finalement, comme toute demoiselle de haute naissance, me trouver un mari et vivre la vie d’une Dame dans un quelconque château avec mes enfants. Quelques temps auparavant j’étais persuadée que j’allais finir loup-garou, et mon destin, avec l’hypothétique disparition de ma sœur, prenait une tournure bien différente. J’étais perdue. D’autant plus perdue que je ne savais même pas si elle était réellement morte ou pas. Devais je continuer à l’attendre ou me résigner et passer à autre chose ? Les Nosferatus ont le don de repérer les âmes tourmentées comme la mienne. Et celui-ci décida de trancher pour moi, en me faisant finalement passer dans l’Ombre, mais pas de la manière à laquelle je rêvais.

Sa première visite eut lieu une nuit de pleine lune. Ma fenêtre était entrouverte, comme chaque nuit depuis plusieurs années, pour laisser entrer ma sœur Dahut sans problème lorsqu’elle reviendrait. Et c’est par la même qu’entra le vampire.

En fait il n’entra pas tout de suite. Il se contenta d’abord de rester derrière les carreaux en me regardant doucement dormir, jusqu’à ce que sentant sa présence je m’éveillais et le priais, pauvre folle que j’étais, d’entrer. Je n’avais qu’une question à lui poser, je savais que lui seul pouvait y répondre.

« Ma sœur… Est elle encore vivante ? »

Il ne répondit pas et se contenta de sourire de façon énigmatique. Qu’il était beau ! Un grand homme, en apparence la trentaine, bien que ses yeux noirs étaient chargés de plusieurs siècles d’existence. Il avait des cheveux bruns, ramenés en arrière, un sourire à la fois doux et cruel. Ses traits étaient fins quoique marqués par le temps. Sa longue cape noire entourait son corps svelte comme une brume opaque. Et lorsqu’il plongea son regard dans le mien j’effaçais toute résistance, m’étendis sur le lit, et le laissais plonger sa mâchoire dans mon cou. Je ne ressentis aucune douleur, au contraire, tout n’était que délice et volupté. J’étais ensorcelée par son regard, par son sourire, par ses douces et fortes mains qui m’enserraient doucement les épaules tandis qu’il prenait mon sang et ma vie.

Il revint me voir la nuit suivante, et celles qui suivirent. Il ne prononça jamais une parole. A chaque fois je lui demandais si ma sœur était toujours en vie ; à chaque fois il me répondait de ce délicieux sourire mystérieux. Personne ne se rendit compte de rien au domaine, j’étais de constitution fragile, un teint un peu plus pâle et des gestes moins précis que d’habitude étaient monnaies courantes chez moi. Néanmoins quand je finis par être si faible que je ne pouvais plus monter mon cheval favori sans que l’on m’aide à me mettre en croupe, mon père s’inquiéta et fit venir un médecin.

L’éminent docteur arriva le soir, me considéra deux minutes, dit que cela ne « devait pas être bien grave » et déclara qu’il m’examinerait plus en détail le lendemain, et que pour l’heure le long trajet en carrosse depuis la ville jusqu’à chez nous l’avait fort épuisé. Il dîna avec nous et logea dans l’une des nombreuses chambres d’amies. Cette nuit là, pour la première fois, le vampire me parla.

« Il est temps, Iris de Salerne. S’ils s’aperçoivent de quoi que ce soit, je ne pourrais plus venir te voir. Je te poses la question : veux tu, oui ou non, devenir une créature de l’Ombre ? »

Sa voix était claire et empreinte d’une grande sûreté de soi. Je posais, à nouveau, la question.

« Ma sœur est elle encore vivante ? »

Il émit un charmant petit rire.

« Tu es têtue, n’est ce pas ? Très bien, je vais te répondre… Oui, elle vit, elle est la seule à avoir échappé à ma folie destructrice. Et maintenant elle doit me haïr de tout son être et chercher à se venger. Mais pourquoi la rejoindre, elle ? Tu n’es pas fait pour vivre avec les loups. Tu es trop distinguée, trop noble pour cela. Tu es de l’essence des Nosferatus. Gracieuse et cultivée, avec une petite pointe de folie et de fragilité tout à fait charmante. Rejoins moi, Iris… Rejoins nous. Je te promets que tu ne le regrettera pas. Tu es faite pour le luxe, tu es faite pour les villes. Tu es faite pour boire délicatement le sang au cou de tes victimes, non pour les étriper avec sauvagerie avant de les dévorer comme le fait ta sœur. »

J’étais totalement sous le charme, celui de sa voix et de ses yeux, celui de la vie qu’il me décrivait. Et c’est sans hésitation que pour la dernière fois, je m’étendis sur le lit et lui offris ma gorge.



Il m’emmena inconsciente hors de me chambre, hors du domaine, hors des terres de ma famille, dans une région déserte parsemée de grands rocs ciselés. Là, il me déposa dans une grotte, et me laissa dormir, me laissa mourir, me laissa renaître en une créature infiniment plus forte, infiniment plus libre. Mes yeux se rouvrirent à la nuit suivante, et il était près de moi, me regardant tendrement comme à travers la fenêtre la première nuit où je le rencontrais.

« J’aime te voir dormir. »

Il me tendit alors… Un humain. Je pouvais en parler ainsi, car je savais que je n’étais, moi, plus humaine.

L’homme était jeune et terrifié, à moitié sonné par le vampire. Sans dire un mot je le saisis par la nuque et approchais sa gorge de mes canines. Ce premier repas de vampire fut un plaisir mille fois supérieur à tout ce que j’avais pu connaître de ma vie d’humaine. Je me sentais bien… Infiniment bien.

Il ne resta qu’une heure avec moi. Il ne souhaitait pas de compagnie et je le comprenais. Avant de partir pour toujours, il me remercia de ce met divin que je lui avais offert. « Les sangs bleus sont les meilleurs », ajouta-t-il sur le ton de la plaisanterie.

Puis il prit mes mains dans les siennes.

« Maintenant tu es libre. Suis toujours tes envies, ne fait que ce qui te plait, quoiqu’en dise les autres. La vraie liberté est l’apanage des vrais vampires, des Nosferatus. Tu es faite pour être crainte, tu es faite pour être seule maîtresse de tes actes. Oublies toutes ces bêtises humaines, l’envie de pouvoir, la soumission aux idées communes, un vampire n’a pas besoin de cela, un vampire ne vit que pour lui-même.
Tu as le sang noble, Dame Iris, tu es la charmante graine qui donne les plus puissants et les plus magnifiques vampires. Laisse ta folie te guider lorsqu’elle prend le contrôle de ton âme ; mais n’oublie pas de garder ta tête sur tes frêles épaules. Restes toi-même. Et avant, trouves qui es ce moi-même. Un Nosferatu sait qui il est, ses forces et ses faiblesses. Un Nosferatu sait ce qu’il veut. Et il l’obtient toujours. »

Il se leva et m’embrassa. Un long baiser, empli d’une passion et d’une intensité que jamais, là aussi, je n’avais ressenti auparavant. Je voulais plus, sans pouvoir me contrôler je tentais de passer la main sous sa chemise, mais il m’arrêta.

« Tes instincts de nosferatus sont très développés… Commence par te connaître avant de foncer tête baissée, Dame Iris. Tu auras autant d’hommes que tu veux durant ton éternelle existence. Je suis trop vieux pour cueillir une aussi jolie fleur. »

Il partit. Jamais je ne le revis. Il se retourna une dernière fois au loin et malgré la distance je pus lire dans ses yeux tout l’amour qu’il me portait, et que je lui retournais avec un grand sourire.


Et voilà…Comment à vingt deux ans j’entrais dans le monde de l’Ombre, comment je devins finalement une vampire, moi qui rêvais d’être louve. Et Dahut ? Oh, je la revis… Je la revis moins d’une semaine après.

J’étais retournée près de ma maison. Ma maison… ce n’était plus la mienne. Cette grande demeure et ses occupants ne me faisaient éprouver que de l’indifférence, tandis que je contemplais la bâtisse faiblement éclairée par les étoiles. Je ne me demandais même pas si ma famille s’inquiétait pour moi, tout cela m’était égal désormais.
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MessageSujet: Re: Histoire d'Iris : les deux soeurs.   Histoire d'Iris : les deux soeurs. Icon_minitimeJeu 05 Oct 2006, 05:39

Alors que je retournais sur mes pas à travers la forêt, je sentis la présence d’un être non loin qui venait vers moi. Et aussitôt je devinais.

Dahut !

J’ai couru comme jamais à travers les arbres, l’appelant, pleurant de joie.

Et au détour d’un chêne… Je la vis. Dahut, ma sœur.

Je la reconnaissais à peine. D’abord, parce que je la voyais désormais avec mes yeux tout neufs de vampire. Ensuite, parce qu’elle avait énormément changé. Voilà plus de deux ans que je n’avais plus contemplé son visage, celui-ci était devenu dur, étonnamment dur, il s’était allongé et ses traits étaient tirés, ses lèvres étaient pincées, ses yeux… Ses yeux étaient durs et froids comme la pierre. Son corps semblait s’être renforcé, elle semblait aussi avoir gagné en taille et en souplesse. Il y avait une telle dureté dans son regard… Et cependant l’expression de son visage était neutre, froide et posée, mature et sûre d’elle. Ma pauvre Dahut, elle avait du traverser tellement de choses depuis deux ans… Sans compter ce qui venait tout juste de lui arriver, par la main même de celui qui m’avait changé en vampire.
Elle portait un pantalon brun poussiéreux, une veste de cuir sombre, et ses deux oreilles de loups pointaient toujours à travers ses longs et raides cheveux châtains. Je remarquais surtout les deux lames épaisses rangées dans un double fourreau attaché dans son dos avec une lanière de cuir. Elle était une combattante, une guerrière, une tueuse. Rien à voir avec l’idée de la belle louve en harmonie avec la nature, pleine de poésie et de rêve, que je me faisais. La réalité était bien plus dure, plus sanglante, plus noire.

J’étais vêtue d’une jolie robe pourpre qui voltigeait autour de mes jambes… Mes longs cheveux roux encadraient mignonnement mon visage, j’allais pieds nus comme une nymphe. Deux canines un peu plus longues que la moyenne perçaient à travers mes lèvres entrouvertes comme une rose en pleine éclosion.

Comme toujours les deux sœurs semblaient vraiment être chacune l’opposée de l’autre…

Je voulu me précipiter vers elle mais elle m’arrêta d’un cri ferme et bref.

« Reste où tu es ! »

Arrêtée en plein élan, je levais vers elle des yeux chargés de larmes et d’incompréhension. Et je vis qu’elle aussi pleurait. Les larmes coulaient en silence sur son visage figé.

« Iris… Qu’as-tu fait ? »

« C’est… C’est lui. Et je ne pouvais plus t’attendre… Je ne savais même pas si tu viendrais. »

Le visage impassible de ma sœur se tordit soudain sous la douleur, elle fit volte face et partit en courant à travers la forêt. Je poussais un cri et la suivit, courant à mon tour, l’appelant.

Nous sortîmes de la forêt, Dahut continuait à courir, traversant la plaine rocailleuse, sa tête dans les mains. Puis finalement elle stoppa net devant un grand rocher et se tourna violemment vers moi.

« POURQUOI ?? » hurla-t-elle, le visage ravagé par les pleurs.

J’ignorais à qui s’adressait cette question, à moi, à Dieu ou au Diable, au monde entier ou à elle-même. Je m’approchais doucement, une main tendue vers elle, ne sachant que dire.

« Pourquoi ?? » répéta-t-elle. « Tu savais bien que je viendrais ! Ne te l’avais je pas promis ? »

« Cela faisait si longtemps… Et ta meute… On m’a dit qu’elle a été massacrée, alors je craignais que… »

« OUI, elle a été massacrée ! Massacrés, tous, tous jusqu’au dernier !! IL NE RESTE PLUS QUE MOI !! »

Elle hurla, visage vers le ciel.

« Et même toi, je te perds ! Et pour te voir rejoindre les VAMPIRES !! »

« Dahut… »

« Et lui ! LUI !! Lui que je hais plus que tout au monde, lui que je rêve de tuer de mes propres mains, lui qui a assassiné tout mes compagnons, LUI !! TE VOILA SON INFANT, TOI, MA SŒUR !! »

Elle se prit le visage, toujours tourné vers le ciel, dans ses mains.

« Je reviens pour te voir… Je reviens pour t’emmener avec moi… Et je te trouve séparée de moi à jamais ! »

« NON !! »

J’avais crié sans m’en rendre compte.

« Non, Dahut, ne dis pas cela !! Qu’importe que je sois une vampire ?? Nous nous aimons, c’est ce qui comptes ! Et nous pouvons rester ensemble, ma sœur, nous pouvons partir ensemble ! »

Qu’ai je fais ? Je l’ai perdue… Perdue à tout jamais ??

Je ne pouvais me résoudre à cette idée. Pourtant, je ressentais le fossé qui nous séparait. Mais je voulais croire à nous deux, à nous deux ensemble pour toujours.

« Je… Je t’aime ! Dahut, je t’aime !! De toute mon âme ! Oublions tout ça, partons ensemble… Toutes les deux, inséparables, comme avant ! »

Dahut sembla soudain se calmer. Elle laissa retomber ses mains et tourna son visage vers moi.

« Non, Iris », murmura-t-elle. « Non, c’est impossible. Tu as fait ton choix. »

« Arrête ! Tu n’as pas idée de ce que j’ai supporté pendant tout ce temps où tu n’étais pas là ! Il est arrivé comme une délivrance, j’étais tellement perdue ! Je ne savais même pas si tu étais encore vivante ! Lorsqu’il me l’a dit, j’en étais au… dernier stade. Je ne voulais plus reculer, je ne le pouvais plus ! »

« Tu as choisi la facilité… »

« Non, c’est faux ! C’EST FAUX !! Je t’ai attendu, je t’ai attendu plus de deux ans, j’étouffais ! Tu ne te rends pas compte ! »

Les yeux bleus de Dahut, si semblables aux miens, furent alors traversés d’un de ces regards doux que j’aimais tant chez elle.

« Je sais, Iris », murmura-t-elle. « J’aurais du revenir plus tôt. J’aurais du t’emmener avec moi lorsque je suis partie. Je t’ai abandonnée… Et maintenant j’en paye le prix. Tu n’as rien à te reprocher. »

Elle se dirigea vers moi… passa devant moi sans un regard et commença à s’éloigner. Bouleversée, je l’appelais à nouveau.

« Dahut ! Où vas-tu ?? »

« Je n’en sais rien… Où mes pas me guideront. »

« Emmènes moi ! »

Cette phrase, je l’avais déjà dite plus de deux ans auparavant. Et la réponse fut la même.

« Non, Iris. »

« Mais… »

« Comprends moi. Je hais les vampires. Je les hais tous !! »

Elle se tourna vers moi.

« Sauf toi… Toi, je t’aimes, et je t’aimerai toujours. Mais je ne peux pas rester avec toi. »

« Je regrette ! Je regrette d’être devenue vampire ! Pardon Dahut, pardon, pardon !! »

Je me mis à pleurer de tout mon corps.

« Pardon, mais emmènes moi ! Ne me laisses plus seule, je t’en prie ! »

Dahut ne répondit pas. Elle me souris gentiment, fit volte face, et recommença à s’éloigner. Et moi je restais plantée là, ne pouvant rien faire d’autre que pleurer et hurler, l’appeler, la supplier en vain, jusqu’à ce qu’elle ne fut plus qu’une silhouette au loin, jusqu’à ce que je m’effondre au sol, anéantie, seule au monde à nouveau et à tout jamais. J’ai pleuré, pleuré, pleuré, jusqu’à ce que je n’en ai plus la force, jusqu’à ce que je relève la tête et me rende compte qu’elle n’avait pas fait demi tour, qu’elle était bien partie, qu’elle n’était même plus dans mon champ de vision, que jamais je ne la reverrai.


Alors j’ai séché mes larmes, je me suis relevée, le regard neutre, j’ai pris ma solitude et je m’en suis fait un grand manteau, une carapace, et je suis partie, dans la direction opposée à celle qu’avait pris ma sœur, ma douce sœur, l’être qui comptait le plus au monde, celle que l’on appelait Dahut.


Je la reverrai. Ce n’est pas possible autrement. Nous avons toute l’éternité pour nous retrouver.
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MessageSujet: Re: Histoire d'Iris : les deux soeurs.   Histoire d'Iris : les deux soeurs. Icon_minitimeVen 13 Oct 2006, 20:08

:sleep: c'est bon, c'est fini? ^^ lol je deconne Very Happy
Des que j'ai le temps, je lirai ton histoire, promis Wink
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MessageSujet: Re: Histoire d'Iris : les deux soeurs.   Histoire d'Iris : les deux soeurs. Icon_minitimeSam 14 Oct 2006, 01:43

C plus une histoire, c un roman lol! .Je vais essayer d'écrire la mienne
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MessageSujet: Re: Histoire d'Iris : les deux soeurs.   Histoire d'Iris : les deux soeurs. Icon_minitimeSam 14 Oct 2006, 06:16

:clap: serieux tu as du talent pour la naration ! :clap:
bravo et encore bravo (bon un peu long mais bon la study n'a jamais fait de mal Wink )
merci pour ce bon moment de lecture c'est rare sur les fofos !
++

bon je vais essayer de m'y mettre meme si je suis une buse en littérature ! moi scientist ma femme littéraire = complément d'oject direct :rabbit:

PS : ce post s'auto détruira dans 1 semaine pour laisser place à la suite de ton histoire Wink
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MessageSujet: Re: Histoire d'Iris : les deux soeurs.   Histoire d'Iris : les deux soeurs. Icon_minitimeDim 22 Oct 2006, 07:33

la franchement jsuis Shocked What a Face :drunken: en admiration j'espere bien lire la suite des aventures d'iris ^^ hein ???

stp stp stp (joanna)
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MessageSujet: Re: Histoire d'Iris : les deux soeurs.   Histoire d'Iris : les deux soeurs. Icon_minitimeDim 22 Oct 2006, 10:22

Un p'tit peu le double post identique la non ??

Dès que je suis en forme, je le lis !! PROMIS !! ^^
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MessageSujet: Re: Histoire d'Iris : les deux soeurs.   Histoire d'Iris : les deux soeurs. Icon_minitimeDim 22 Oct 2006, 10:26

erf dsl mais jsuis sure d'avoir poster une seule fois
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MessageSujet: Re: Histoire d'Iris : les deux soeurs.   Histoire d'Iris : les deux soeurs. Icon_minitimeVen 04 Jan 2008, 18:33

Très belle histoire. Tu as un véritable talent d'écrivain.
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MessageSujet: Re: Histoire d'Iris : les deux soeurs.   Histoire d'Iris : les deux soeurs. Icon_minitimeLun 07 Jan 2008, 12:03

hum pour ma part je l'ai pas lu. je m'y mettrai promis dès que j'aurai un moment à moi.
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MessageSujet: Re: Histoire d'Iris : les deux soeurs.   Histoire d'Iris : les deux soeurs. Icon_minitimeSam 01 Nov 2008, 07:47

Le truc en plus c`est que je me rappelle avoir pris le temps de lire cette histoire mais y a quelques mois alors du coup... bah... j`ai oublie et faut tout recommencer!

C`est fou le temps qu`on peut perdre a vivre! Histoire d'Iris : les deux soeurs. 388167
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MessageSujet: Re: Histoire d'Iris : les deux soeurs.   Histoire d'Iris : les deux soeurs. Icon_minitimeDim 02 Nov 2008, 16:11

Razz Bah relis là pasqu'elle est très bien!Razz
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MessageSujet: Re: Histoire d'Iris : les deux soeurs.   Histoire d'Iris : les deux soeurs. Icon_minitimeDim 02 Nov 2008, 19:32

genre tu l`as lue? Tu peux resumer vite fait stp?
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MessageSujet: Re: Histoire d'Iris : les deux soeurs.   Histoire d'Iris : les deux soeurs. Icon_minitimeMar 04 Nov 2008, 09:37

S'tu veux, mais j't'en dit juste assez pour te donner envie de la lire!Wink

Alors, Iris est la jeune fille d'un riche propriétaire terrien. Elle habite un manoir, a des domestiques, une grande bibliothèque, et plusieurs frère et soeurs, notamment une Dahut. Autant Iris est frêle, timide, sage, autant Dahut est dynamique, turbulente, volontaire, extrovertie... Les deux se complètent tant et si bien qu'elles sont indiscociables, qu'elles ne peuvent vivre l'une sans l'autre. Malheureusement pour elles, une série de fâcheux événements (que je tairais ici), Dahut part et Iris tombe en totale dépression. Sa dépression s'aggrave lorsqu'elle apprend que sa soeur a probablement été tuée par une bête terrible qui rôde depuis peu dans les environs... C'est dans cet état de faiblesse qu'un vampire la trouve et la mord. Devenue vampire, Iris retrouve sa soeur, qui a été quant à elle changée en loup garous. Les deux soeurs autrefois si proche sont alors irrémédiablement dissociées.


Voilà, dans les grandes lignes c'est ça, mais comme ça fait un moment que je l'ai lu, ma mémoire doit flancher un peu. Lis le c'est vraiment le mieux à faire!Wink
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MessageSujet: Re: Histoire d'Iris : les deux soeurs.   Histoire d'Iris : les deux soeurs. Icon_minitimeMar 04 Nov 2008, 14:22

O_O tu assures de t`en rappeler si bien serieux!!! Jolie histoire c`est sur!!!
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MessageSujet: Re: Histoire d'Iris : les deux soeurs.   Histoire d'Iris : les deux soeurs. Icon_minitime

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